Finances & Mission
Numéro VII, Volume 9 - 1 fevrier 2017
Éditorial : L’importance de l’histoire financière
Dans son livre intitulé Get Smarter: Life and Business Decisions [« Devenez plus astucieux : Décisions pour la vie et les affaires »], le milliardaire et philanthrope canadien Seymour Schulich traite de différentes folies financières survenues partout dans le monde au cours des trois derniers siècles : la bulle spéculative des mers du Sud de 1711 à 1720, celle des sociétés de chemin de fer dans les années 1840, celle des achats d’actions en masse vers la fin des années 1920, celle qui est survenue au Japon de 1986 à 1990, ainsi que la récente bulle technologique. Il écrit :
« [TRADUCTION] L’histoire financière continue de se répéter, c’est pourquoi il s’agit d’un des plus importants sujets que doivent étudier les gens d’affaires et les investisseurs. Je dirais que c’est presque aussi crucial que la comptabilité, qui est le langage des affaires, et la statistique, qui montre comment analyser les probabilités et les risques. On ne peut dire vers quoi on se dirige sans comprendre par où on est passé. » (Page 122)
L’ouvrage est surtout destiné aux gens d’affaires, mais ceux qui travaillent pour des organismes de bienfaisance ou sans but lucratif peuvent aussi en bénéficier en prenant connaissance des événements passés du secteur financier. Des erreurs ont été commises, et la négligence dans l’application de procédures a souvent entraîné des pertes et des fraudes. Il est essentiel que nous en tirions des leçons, surtout en ce qui concerne les cas de fraude qui représentent une menace pour l’actif et la réputation de l’Armée du Salut. Un article du présent numéro résume les faits liés à trois cas de fraude commise contre l’Armée du Salut depuis une douzaine d’années.
Le philosophe espagnol George Santayana l’a bien exprimé : « Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter. »
Fraude commise contre l’Armée du Salut
Les fidèles lecteurs de Finances & Mission se souviendront probablement de deux cas de fraude dont nous avons parlé au cours des six années et demie depuis la création du présent bulletin. Les deux cas sont survenus à l’automne 2012.
Dans le premier cas, un ancien directeur général d’un établissement de l’Armée du Salut, situé Railside Road, à Toronto, aurait détourné des jouets, des provisions alimentaires et d’autres produits pour une valeur estimée à plus de 2 000 000 $ sur une période deux ans. Un audit interne a permis de le découvrir après qu’un lanceur d’alerte a fait part de ses préoccupations au sujet d’irrégularités constatées à l’entrepôt. Jusqu’à présent, seule une fraction des biens a été récupérée.
Dans le second cas, un ancien directeur du Centre Booth d’Ottawa aurait maquillé des comptes de dépenses pendant plusieurs années. Le détournement totalise plus de 200 000 $. Les deux fraudes ont été découvertes lors d’audits internes.
En 2005, quelques années avant la création de Finances & Mission, un employé du service territorial des finances a escroqué 2,3 millions de dollars à l’Armée du Salut par un procédé de fausse facturation. Il soumettait des factures (prétendument pour des services concernant des propriétés de l’Armée du Salut à Edmonton et à Vancouver) qui devaient être payées à deux sociétés fictives, au nom desquelles il avait ouvert des comptes bancaires dont il était le signataire autorisé. Apparemment, l’auteur de la fraude aurait eu une « crise de conscience » à la suite de sa démission. Par l’entremise de son avocat, il a souhaité conclure une entente qui l’aurait engagé à rembourser une partie de l’argent si l’Armée du Salut renonçait à le poursuivre en justice. Il a fini par être déclaré coupable par un tribunal criminel. Nous sommes parvenus à recouvrer presque toute la somme escroquée (sauf 100 000 $) en saisissant des biens du malfaiteur, et grâce à une assurance pour le reste.
La leçon à retenir, c’est qu’aucune organisation n’est immunisée contre la fraude. Dans la plupart des cas, les organisations touchées ne le signalent pas. Même au sein d’organismes religieux et de bienfaisance, des individus profiteront de toute occasion qui se présente pour commettre une escroquerie. Cela nous rappelle que nous devons tous rester vigilants dans notre tâche de surveillance des fonds qui proviennent chaque année du grand public et d’autres sources. Nous devons nous poser les questions suivantes :
- Des mesures de contrôle ont-elles été mises en place pour protéger les fonds et l’actif contre la fraude et le détournement?
- Pouvons-nous assurer que les fonds seront utilisés selon la volonté des donateurs?
- Veillons-nous à gérer de manière appropriée les fonds, depuis leur réception jusqu’à leur dépôt?
- L’utilisation de ces fonds produira-t-elle des résultats transformateurs qui aideront à réaliser notre mission?
- Signale-t-on les aspects préoccupants au supérieur immédiat ou au service téléphonique de dénonciation?
Nous avons tous un rôle à jouer pour maintenir la réputation de l’Armée du Salut.
L’Armée, un investisseur avisé (deuxième partie)
Dans la première partie de la série L’Armée, investisseur avisé, nous avons défini le rôle du conseil territorial des finances, celui du comité consultatif en placements et celui du personnel du service des finances dans la gestion du portefeuille de placements du territoire.
Bien que ces groupes et ces personnes jouent un rôle important dans la gestion globale des fonds, les décisions quotidiennes concernant l’achat d’instruments financiers et le moment de leur revente sont prises par des gestionnaires externes, conformément à notre politique sur les placements.
La prudence nous dicte de diversifier grandement notre portefeuille par des placements sous-jacents dans différents secteurs d’activité, et différentes régions géographiques et catégories d’actif. La diversification est un facteur clé pour atténuer le risque auquel le portefeuille serait exposé en raison d’un ralentissement économique éventuel dans une entreprise, un secteur, une région ou une catégorie d’actif en particulier. Par conséquent, étant donné que le fonds de placement se chiffre à près d’un milliard de dollars, il est important que des gestionnaires de placements se chargent de le diversifier, avec de multiples mandats et fournisseurs de services.
Des restrictions particulières peuvent s’appliquer en ce qui concerne les types de placement. Nos fonds ne sont pas investis dans des sociétés qui tirent d’importants profits de l’alcool, du tabac, des jeux d’argent, de la pornographie ou de l’armement, ou qui ne soucient pas des questions environnementales.
Tant l’Armée du Salut que ses fournisseurs de services doivent tenir compte de sept principaux facteurs au moment de prendre des décisions sur les placements : 1) les conditions générales de l’économie; 2) l’inflation; 3) les répercussions fiscales; 4) le rôle des placements proposés dans le portefeuille global; 5) le rendement total prévu; 6) les besoins en liquidités, en préservation du revenu et en appréciation du capital, et 7) toute relation ou valeur particulière en ce qui concerne les objectifs du fonds global et ses bénéficiaires.
Dans la troisième partie, nous nous concentrerons sur les résultats de l’approche prudente que l’Armée du Salut a adoptée.
Portrait d’Arnold Adey
Arnold Adey est secrétaire adjoint des finances et travaille de son bureau à St. John’s. Il a d’abord été embauché comme directeur de la comptabilité pour ouvrir le premier centre de comptabilité régional, en 1998. Avant de se joindre à l’équipe de l’Armée du Salut, il avait travaillé pour Transport Canada dans l’administration des aéroports à Moncton, à Gander et à St. John’s.
Dans sa fonction actuelle, Arnold Adey administre la trésorerie et les bureaux régionaux du service des finances, joue un rôle clé au sujet des questions qui touchent les divisions et s’occupe des aspects relatifs au perfectionnement et aux ressources humaines du service. Selon lui, le service des finances dispose de bons outils pour devenir un atout encore plus important pour l’organisation, ce qui permettra aux ministères de première ligne de bien remplir leur mission.
Arnold Adey détient un baccalauréat en commerce ainsi qu’un MBA de la Memorial University. Il a également obtenu les titres de FCPA et de FCMA, et est actuellement président de CPA NL (organisation des comptables professionnels agréés de Terre‑Neuve‑et‑Labrador). Il a été président de CMA NL et coprésident du comité de coordination de la fusion des organisations comptables de Terre‑Neuve‑et‑Labrador. Il est bénévole au Temple de St. John’s depuis de nombreuses années.
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